(Unsplash/Kelly Sikkema)

Prosperi. Être pour la vie ? Communiquer chaque jour la beauté rencontrée

La 46e Journée Nationale pour la Vie célébrée par l'Église italienne. Ici, l'intervention du président de la Fraternité dans un numéro spécial d'Avvenire du 4 février

La Journée pour la Vie se réduit trop souvent à une confrontation entre une minorité qui défend la valeur de la vie, en particulier dans ses moments les plus fragiles (gestation, naissance, handicap et vieillesse), et une majorité, la plupart du temps indifférente, mais capable de moments de forte revendication (politique, médiatique et désormais aussi, de plus en plus juridique), sur des thèmes comme l’euthanasie, l’avortement et les nouveaux droits supposés. On finit ainsi par ne plus s’écouter ni se comprendre.

Paradoxalement, les deux camps se ressemblent lorsqu’ils soulignent des valeurs comme l’accueil, la compassion, l’accompagnement et la pitié, mais ils arrivent à des conclusions diamétralement opposées. C’est la même chose qui se produit, bien qu’en des termes différents, avec la guerre ou les migrants, autres thèmes mis au centre de la Journée pour la Vie : tout le monde veut la paix, mais quelle est la paix la plus juste ? En attendant, pendant que l’on en discute, des hommes, des femmes et des enfants innocents meurent. En attendant, malgré les appels à faire croître la natalité, il y a plus de 40 millions d’avortements par an dans le monde et les morts par euthanasie et suicide assisté sont en augmentation. Une véritable hécatombe « volontaire ». Beaucoup de débats et beaucoup de bonnes intentions mais, en fin de compte, l’homme continue de faire ce qu’il veut : des autres et surtout des plus faibles, mais aussi de lui-même. En voulant créer un monde sans Dieu, l’homme se met à la place de Dieu. Le résultat est presque toujours la violence, l’élimination de celui qui dérange. C’est le même mensonge utopique, expérimenté avec les idéologies totalitaires, qui subsiste sous une autre forme.

Pour les chrétiens de notre temps se pose donc la même alternative qui se perpétue depuis les temps du Christ : Jésus ou Barabbas ? Le pouvoir de Dieu ou celui de l’homme ? Ceci, à mon avis, est le cœur de la Journée pour la Vie : la vie est un mystère car on la voit et on la sent, mais on ne la possède pas. Comme le disait don Giussani : « si je suis attentif, c’est-à-dire si je suis mature, je ne peux nier que l’évidence la plus grande et la plus profonde que je perçois est que je ne me fais pas moi-même, je ne suis pas en train de me faire par moi-même. Je ne me donne pas l’être, je ne me donne pas la réalité que je suis, je suis “donné” ». Le problème de la présence de Dieu comme facteur déterminant de la vie ne peut donc pas être revendiqué en le réduisant à une opposition idéologique. Jésus, mort et ressuscité pour tous, a révélé le pouvoir amoureux de Dieu sur l’existence. Il s’agit donc de L’imiter, en témoignant de « la force surprenante de la vie ».

Il s’agit, comme chrétiens, de communiquer la beauté que nous avons rencontrée et que, même avec les difficultés de tout le monde, nous redécouvrons chaque jour. La Journée pour la Vie peut ainsi devenir un grand moment pour montrer de quoi a besoin le cœur de l’homme : de Quelqu’un qui le ressuscite, qui le sauve pour toujours. Même à travers les limites et la douleur. Du reste, « tout passe », comme le disait V. Grossman, mais la gloire du Christ, humble et souffrant sur la croix, la même gloire que celle d’une mère qui voit souffrir son fils infirme et qui l’accompagne avec tendresse en lui témoignant l’espérance de l’amour, la gloire du malade qui offre à Dieu la signification mystérieuse de son mal pour le salut de chacun de nous, cette gloire ne décline pas. Et c’est cette gloire qui change le monde.

Publiée dans Avvenire